Nous sommes aux environs du 70 chemin Patch.
Parcourir le chemin Patch, c’est refaire un trajet si souvent emprunté par les familles qui ont défriché et cultivé les terres qui le bordent et celles qui fréquentaient les hameaux commerciaux et préindustriels qu’il reliait.
Comme plusieurs des chemins patrimoniaux de la municipalité, le chemin porte le nom d’une famille ancestrale, la famille Patch, laquelle a dominé le développement commercial et agricole du hameau de Millington au tournant du XXe siècle. Meuniers, scieurs, maîtres postes, commerçants, cultivateurs… les Patch ont possédé des terres de part et d’autre du chemin, comprenant une érablière et un verger, une vaste étable à deux silos et une remise à voitures abritant des attelages de chantier, des charrettes et des traîneaux ainsi que différents commerces du hameau. Près de l’intersection North/Patch la maison des Place contenait une auberge, une salle de bal et un magasin général.
Après qu’un feu ait détruit la maison qui abritait le magasin général et la poste et, suite au décès accidentel du maitre scieur Stilman Patch, sa veuve et ses enfants retournent vivre en Nouvelle-Angleterre. Le déclin se poursuit et après 1918, les moulins, les bâtiments de Millington du XIXe siècle disparaissent, les uns après les autres. Les commerces, l’église méthodiste datant de 1815, l’atelier de forge et même l’école élémentaire ne sont bientôt plus qu’un souvenir.
Fermez les yeux et laissez-vous transporter à l’époque où le hameau bourdonnait de vie. Tendez l’oreille et vous pourrez presque entendre le bruit du moulin à farine et du moulin à scie qui tournaient sur le ruisseau Powell, les voix des hommes au travail, la joyeuse cacophonie des enfants, les bêlements des moutons et bien sûr, le grondement du ruisseau au printemps.
De cette époque ne subsiste que la vieille grange que vous apercevez d’ici. Les vestiges du moulin ont été recouverts par la végétation; laissé à lui-même, le fossé de drainage que l’on avait aménagé pour des fins agricoles a disparu, de nouveaux méandres se sont formés naturellement dans le milieu humide qui abrite une biodiversité riche et variée. Un nouveau paysage se dessine.