Au cœur des montagnes du Bas-Saguenay, bordé par une nature sauvage et paisible, le lac Brébeuf a longtemps été un territoire de rêve… mais réservé à quelques privilégiés.
Le camp Brébeuf, c’est un ensemble de huit chalets en bois rond construits à différentes dates entre 1875 et les années 1940-1950, en bordure du Lac Brébeuf. C’est probablement l’exploitation forestière que la compagnie Price a effectué dans le secteur à la fin du 19e siècle qui a mené Evan John Price à reconnaître le potentiel de chasse et pêche des environs du Lac Brébeuf. Vers 1875-1880 Evan John Price ou William Price III s’y fait construire un premier chalet. Il aurait été détruit par le feu, puis reconstruit — et il tient encore debout aujourd’hui.
C’est dans ce décor que naît en 1906 le très sélect Eternity Game and Fish Club. Un club de chasse et pêche qui s’étend sur un immense territoire, depuis la rivière Éternité jusqu’à La Malbaie. On y dénombre alors 2 rivières, 20 lacs, une poignée de chalets exclusifs, 5 gardiens, 25 guides, et même des membres prestigieux. L’histoire veut que William Howard Taft, 27e président des États-Unis, y ait fait construire son propre chalet — toujours là, lui aussi. Son fils, devenu sénateur de l’Ohio, en hérite ensuite. Plus tard, ce sera le juge Robert Taschereau, de la Cour suprême du Canada, qui s’ajoutera à la liste des occupants avec un nouveau chalet au milieu du 20e siècle.
Mais cette exclusivité commence irriter les citoyens. À mesure que les Éternitois s’installent autour du lac, l’idée qu’un territoire aussi vaste soit réservé à une élite passe de moins en moins. En 1977, sous la pression des citoyens, le gouvernement du Québec lance l’Opération Gestion Faune. Finie la chasse privée pour les nantis : place à un accès public et équitable. L’Eternity Game and Fish Club ferme ses portes, et en 1978 naît la ZEC du Lac Brébeuf.
Depuis, le lac est devenu le terrain de jeu de tous : chasseurs, pêcheurs, campeurs, villégiateurs, autant Éternitois que visiteurs. Les anciens chalets, toujours debout, témoignent d’un autre temps. Leur architecture en bois rond, leur authenticité préservée, et leur histoire racontent l’époque où le Lac Brébeuf appartenait à quelques-uns — avant de devenir un bien commun.