L'idée d'un pont, installation (2014)

Alors, cette sculpture, elle date quand même de plusieurs années. Dans mon souvenir, je sais, en revoyant les images, je revois un peu dans quel esprit je l'ai faite et puis c'est tout à fait d'actualité, si je devais en refaire une, je pense que je la referais comme ça, je suis content. 

Je pense que l'idée derrière tout ça, ce qui m'a motivé, c'est que bon, j'avais vu deux pierres, j'avais beaucoup envie de faire un pont entre les deux et puis vous avez sûrement remarqué ou peut-être remarqué qu'elles sont taillées un peu différemment l'une de l'autre. 

Alors, il y en a une qui est avec des lignes, ce sont comme des routes ou des lignes beaucoup plus sinueuses, beaucoup plus organiques, naturelles, avec des spirales, tout ça là. Alors que de l'autre côté, l'autre pierre qu'on voit plutôt ici, c'est des lignes beaucoup plus droites, beaucoup plus angles droits comme la plupart des rues, dans les villes en tout cas. 

L'idée, c'était de voir que finalement, des choses qui semblent contradictoires ou très différentes ou opposées, mettons, peuvent très bien se compléter puis se rejoindre et former un tout. Je n'ai pas appelé ça le pont, parce qu'en fait, le pont, bon, pour moi, ça aurait été beaucoup plus de mettre l'importance sur la structure, en bois, la matière mettons. 

Mais ce qui était à mon sens encore plus intéressant, c'est l'idée d'un pont, c'est-à-dire de faire une sculpture qui renvoie à l'idée de rejoindre les choses qui semblent opposées, qui semblent contradictoires. 

Et dans mon sens, c'était de vouloir rassembler, c'est quelque chose de rassembleur, c'est quelque chose qui dit qu'il y a de la place pour tout. Il y a de la place, tout comme il y a de la place pour les villes, avec des rues à angles droits, à une pensée cartésienne, des choses logiques, tout ça. 

Il y a de la place pour ça, il y a de la place aussi pour de la fantaisie, pour l'improvisation, pour quelque chose de plus organique, pour la nature. En fait, c'était ma première sculpture d'envergure, mettons qui était assez grande, à mon sens à moi, et puis une des premières pour l'extérieur. 

C'est la première fois que je travaillais sur quelque chose qui était dans la nature. Ça m'a beaucoup plu comme expérience.

Né en Tunisie en 1953, il arrive au Québec à l’âge de cinq ans. Après avoir complété un baccalauréat en arts visuels en 1990, il alterne entre le dessin, la peinture et la sculpture, un médium qu’il approfondit de manière plus soutenue depuis 2010.

Animé par une conscience écologique grandissante et profondément allergique au gaspillage de ressources et de matériaux, il travaille aujourd’hui presque exclusivement avec des objets et des matériaux trouvés ou récupérés. Les défis qu’il se pose ainsi stimulent énormément sa créativité.