Je me nomme Augustin Massicotte et je viens de vivre une journée mémorable. Mes co-paroissiens ont organisé une fête exceptionnelle en mon honneur.
En reconnaissance pour les nombreux services que j’ai rendus à la paroisse, le député du comté de Champlain vient de m’offrir une canne à pommeau d’or au nom des paroissiens. Je lui ai répondu que tout ce que j’ai pu faire pour mes concitoyens, je ne l’ai pas fait tout seul.
J’ai vécu sur le rang Saint-Augustin, à l’endroit qu’on appelle « Le Grand Brûlé » avec mon père et mes trois frères. En 1812, à 21 ans, je me suis engagé dans la Milice pour combattre les Américains. J’en suis revenu avec le titre de Major, mais ici les gens m’appellent « Le Capitaine ». En 1816, je me suis marié avec Julie Trudel et me suis construit sur le rang Saint-Augustin de mon enfance, une très belle maison de pierres, que j’ai ornée d’une belle horloge. C’est que, dans la vie, j’ai toujours aimé avoir et donner l’heure juste.
En 1845, au « Grand Brûlé », on trouvait l’église et le curé de Sainte-Anne très loin. Plusieurs de mes concitoyens n’ont même pas pu bénéficier de la présence du curé avant de mourir à cause de la distance. J’ai alors compris qu’il fallait construire une église et fonder une paroisse. Cela n’a pas été facile. J’ai fait signer des pétitions, je suis allé voir l’archevêque de Québec et j’ai eu l’appui du Grand Vicaire Cook de Trois-Rivières.
En 1847, j’ai acheté le terrain où il fallait construire l’église et j’ai fait bâtir tout près, la maison qui servirait de presbytère. J’ai dessiné de ma main les plans de l’église qu’on a commencé à construire en 1848. L’érection officielle de la paroisse a eu lieu en 1850. À l’époque, comme le presbytère n’était pas encore près, j’ai dû accueillir chez moi, le premier curé, Charles-Olivier Caron.
En 1855, on a cru bon de m’élire comme premier maire. Ainsi, tous les dimanches, à l’issue de la grande messe, je rassemblais les principaux chefs de famille et je leur soumettais quelques questions à débattre concernant la paroisse.
Je crois que j’ai contribué à ce que Saint-Prosper devienne un endroit où il fait bon vivre. C’est en tout cas ce que me fait croire le « Pommeau d’Or » qu’on m’a remis cet après-midi. Bonne continuité!