Métal réservé aux savants et aux amateurs de luxe, l’aluminium reste, jusqu’à la fin du XIXe siècle, un matériau rare et dispendieux. La découverte du procédé d’électrolyse permet de diminuer les coûts de manière importante et de produire ce métal en grande quantité. L’aluminium devient ainsi le métal magique du XXe siècle.
Le grand pouvoir hydroélectrique de la région incite Alcoa à s'établir sur le territoire. Au cours de l’été 1925, le matériel nécessaire à la construction est acheminé par train, à raison de 15 à 20 wagons par jour. Se met en place un chantier colossal comprenant une fonderie, une usine d’affinage à sec et une usine d’électrodes. Devant les résultats mitigés du procédé de traitement à sec, ce dernier est abandonné progressivement. Dans les années 1930, l’usine d’affinage est convertie selon le procédé Bayer.
Débutée en septembre 1925, l’aluminerie compte plus d’une trentaine de bâtiments, mis en chantier en moins de deux ans. Le 27 juillet 1926 est coulé le premier lingot d’aluminium. En 1928, dans l’objectif de séparer ses activités américaines de ses activités internationales, Alcoa crée l’Aluminum Limited. Elle y transfère la propriété de 34 sociétés, dont la plus importante est l’Aluminium Company of Canada.
La Crise économique de 1929 entraîne un ralentissement dans la production pendant quelques années. L’été de 1937 marque la création du Syndicat national catholique de l’industrie de l’aluminium d’Arvida (SNCIAA), qui devient par la suite le Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida (SNEAA).
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale marque un tournant dans l’industrie de l’aluminium. Le grand besoin d’aluminium pour la construction d’avions entraîne de nombreux agrandissements dans la région. Afin de répondre à la demande, sont construites dix-neuf salles de cuves utilisant la technologie Söderberg ainsi que la centrale hydroélectrique Shipshaw II. Entre 80 et 90 % de l’aluminium de l’Empire britannique est produit à Arvida. L’aluminerie devient le plus grand complexe d’aluminium du monde.
À la fin des années 1970, la compagnie entreprend un vaste programme d’expansion, de diversification et de modernisation. Les salles de cuves Söderberg, jugées trop polluantes, sont progressivement fermées au cours des décennies suivantes. En 2006, Alcan annonce des investissements de plusieurs milliards de dollars au Saguenay dans un nouveau complexe utilisant la technologie AP60. L’aluminerie d’Arvida appartient aujourd’hui à Rio Tinto. Le complexe comprend une usine d’alumine (Usine Vaudreuil), divisée en deux unités d’exploitation (usine d’alumine et usine de produits chimiques hydrates), une usine d’aluminium (Usine Arvida), un centre technologique (AP60) ainsi qu’un centre de recherche et de développement.