Des années 1840 à 1904, la rue Frontenac sur laquelle vous vous trouvez, se nomme Factory street. À l’époque, il s’agit du secteur industriel principal de Sherbrooke. En effet, en l’absence d’électricité, les usines s’installent le long de la gorge de la rivière Magog pour profiter du potentiel hydraulique. Les factories se comptent alors, selon les périodes, par plusieurs dizaines, sur une distance d’environ 1,5 km, entre l’entrée de la gorge et le confluent.
Les premières initiatives industrielles sérieuses sont chapeautées par la British American Land Company, dite la BALCo, à partir des années 1830. Fondée à Londres en 1832, la BALCo a pour objectif l’émigration britannique au Canada ainsi que le développement industriel des nouvelles régions ouvertes à la colonisation dont font partie les Eastern Townships. Après avoir acquis environ 4 000 km2 de terres dans la région, la compagnie s’établit à Sherbrooke en 1835. Elle installe alors ses bureaux près de la gorge de la rivière Magog, sur le site situé derrière l’actuel Musée de la nature et des sciences.
Rapidement, la BALCo fait construire des barrages et des moulins dans la gorge, encourage des industriels à venir s’établir à Sherbrooke, et trace des rues dans le quartier nord et dans ce qui devient le Plateau Marquette. Entre 1840 et 1880, l’impact de la BALCO pour le développement de la région sherbrookoise est indéniable. Son apport, avec l’arrivée du train en 1852, permet à Sherbrooke de vivre pleinement sa révolution industrielle et met les bases pour le développement général de la ville dans le premier tiers du 20e siècle.