Si nous étions en 1821, nous aurions les deux pieds sur le Magog Bridge et nous pourrions regarder l’ancien barrage Hyatt avec, en arrière-plan, le confluent. Le barrage érigé par Hyatt et Ball vers 1802 est vendu au marchand Charles Frederick Henry Goodhue en 1811, puis à William Felton, un propriétaire terrien, cinq ans plus tard. La British American Land Company, dite la BALCo, en fait l’acquisition en 1838.
Mais le vieux barrage est vétuste. Vers 1844, la BALCo le fait démolir et en construit un nouveau, qui deviendra le barrage no 5. Sa construction assure notamment l’apport énergétique au fonctionnement d’une nouvelle fabrique installée tout près, la Sherbrooke Cotton Factory. Celle-ci est la première usine de coton au Canada. Elle engage 50 personnes, ce qui est énorme à l’époque, surtout pour la petitesse du village de Sherbrooke.
L’érection du barrage no 5 par la BALCo au milieu du 19e siècle marque un point fort pour la compagnie dans l’aménagement de la gorge de la rivière Magog ainsi que dans son implication au développement industriel de Sherbrooke. Le barrage est amélioré dès 1860, à la suite de l’incendie de la Cotton Factory. Durant plus de 65 ans, le barrage no 5 alimente des dizaines de manufactures, dont l’usine de machines à coudre Banner, la Sherbrooke Iron Works et la tannerie Gordon and Manning, mais aussi dès la fin des années 1840, les Sherbrooke Grist Mills. Le barrage est finalement vendu à la Sherbrooke Railways and Power en 1910 qui le démoli complètement.