Le Sixteen Island Lake Fishing Club

Un endroit de villégiature

Hôtel du lac des Seize Îles, vers 1905
Source: Musée McCord


Au début du 20e siècle, le lac des Seize Îles acquit rapidement une réputation d’eau bien poissonneuse, attirant les amateurs sérieux de Montréal et des environs. Trois lieux de villégiatures pouvaient les accommoder: l’Hôtel du lac des Seize Îles, l’auberge Mountain Rest et la pension de M.Burch.

Les résidences secondaires, de la simple cabane au chalet plus spacieux, apparurent autour du lac et sur les îles grâce à la main-d’œuvre et les matériaux disponibles au village.

Camp de pêche vers 1895

Source: Luc Lamond

La pêche sportive proviendrait de l’Angleterre, particulièrement la pêche à la mouche qui fit son apparition au Québec vers le 19e siècle. Cette activité, liée aux loisirs et à la détente, était exercée par des professionnels, des militaires haut gradés, des industriels et des politiciens, venus parfois d’aussi loin que les États-Unis ou l’Europe pour faire l’expérience de cette nature sauvage québécoise que vantait Tolfrey, en 1845, dans son livre «The Sportsman in Canada».

Pour encourager cet essor touristique et freiner la déforestation incontrôlée qui fragilisait la santé des cours d’eau et des lacs, le gouvernement provincial décida d’instaurer des droits de chasse et pêche (1858) et de faciliter la création des clubs privés (1885) tout en les rattachant à l’obligation de conservation des poissons et de leur environnement.

Les lakers

Florence et Laura Tester sur le quai du Mountain Rest, vers 1901.
Source: Luc Lamond, collection Peter Johnson


Parmi les résidents saisonniers qui goûtaient les plaisirs de cette pêche sportive, mentionnons les Stackhouse, Cook, Brunet, Rodger, Tester, Calder, McOuat, Ludington et Brunet. Un grand nombre habitaient à Westmount, d’autres à Lachute. Ils étaient avocats, hommes d’affaires, dentistes ou médecins, ils partageaient une culture, une langue, un style de vie qui les distinguaient des villageois qui travaillaient au moulin ou au chemin de fer et dont la plupart étaient francophones. Les premiers furent surnommés les «Lakers», les deuxièmes, «les gens du village».

Le club

Pêcheurs à l’auberge Mountain Rest, vers 1900
Source: Luc Lamond, collection Peter et Sheilagh Johnson


En l’absence d’instance gouvernante locale, les «Lakers» se regroupèrent autour de préoccupations communes et créèrent le Sixteen Island Lake Fishing Club, en 1907.

Bien que la mission de l’organisation consistât à accorder des permis de pêche et aider à l’application des lois et règlements pour la protection des poissons dans la province de Québec; le club intervint entre autres sur la vente d’alcool, en temps de prohibition, sur la sécurité des propriétés du lac pendant la période hivernale ou encore sur la qualité du service ferroviaire.

Ces actions, qui dépassaient la sphère de compétence d’un club de pêche, furent possibles grâce à la présence d’un juge de paix d’Argenteuil, le Dr B. S. Stackhouse, parmi ses membres.

À partir de février 1914, date de l’incorporation de la Municipalité, le Sixteen Island Lake Fishing Club recentra ses activités autour de la gestion de la pêche, de la préservation et de la promotion de la sécurité nautique.

Contrôle de la pêche

De gauche à droite : un ami, Walter Cushing (fondateur du club), Rowe Jeffrey, James Stanley Cook (fondateur du club) à l’embouchure du ruisseau Kelly, début 20e siècle.
Source: Luc Lamond, collection Sheilagh Johnson


La qualité et l’abondance de la truite brune et de l’omble de fontaine (que l’on appelle aussi truite rouge ou mouchetée) étaient une priorité pour le club. On engagea un gardien pour faire respecter les règlements tels que la limite du nombre de captures et l’interdiction de la pêche de nuit et de la pêche à la seine (un filet lesté).

Voilà un poste qui n’était pas facile à combler, car certains résidents non membres, ne prisaient pas de se faire policer ainsi. Une certaine diplomatie était de rigueur:

«Wallace Beavan, garde-pêche du lac des Seize Îles, a signalé qu’il avait lui-même saisi un filet maillant de 75 pieds de long, mais qu’il n’avait pu en retrouver le propriétaire.»
- Extrait du procès-verbal de l’assemblée générale du 4août, 1923.

En 1933, des membres construisirent une station d’élevage, une expérience qui dura trois ans. On estimait alors à 40000 le nombre de truites dans le lac.

Changement de mission

Compétition de natation pour les jeunes membres du Club
Source: Sixteen Island Lake Fishing Club


Le 29 août 1948, le Sixteen Island Lake Fishing Club inaugura son nouveau pavillon sur l’île Verte. L’engouement pour la pêche sportive au lac déclinant peu à peu, il s’orienta vers la programmation d’activités récréatives familiales. Les soirées dansantes, les régates, les cours de natation, les concours de décoration de bateaux et les compétitions originales comme le «greasy pole» ou le «tilting» ont ponctué le calendrier estival des membres pendant plusieurs années.

Au fil du temps, le nombre de clubs ayant des droits de pêche exclusifs au Québec avait grandement augmenté et atteignait 2000 en 1965. La frustration de la population se faisant sentir, le gouvernement du Québec révoqua toutes les licences en 1970. Cette ouverture au public entraîna d’autres défis pour la santé du lac des Seize Îles. La mise en place de contrôles devint nécessaire pour la préservation de ce milieu exceptionnel dont la fragilité est toujours d’actualité.

Le nom du Sixteen Island Lake Fishing Club fut heureusement conservé malgré le changement de nature de sa mission, car il porte en lui une partie importante de l’histoire de Lac-des-Seize-Îles.

Extracto de
Histoire et patrimoine de Lac-des-Seize-Iles

Histoire et patrimoine de Lac-des-Seize-Iles image circuit

Presentada por : Municipalité de Lac-des-Seize-Îles
Direcciones

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