Arrêtez-vous un instant devant cette maison : voyez son toit particulier, dont les extrémités semblent comme coupées en pente douce. C’est ce qu’on appelle un toit à demi-croupe — un détail architectural qui attire l’œil… et qui en dit long sur l’histoire du lieu.
Vous êtes devant une maison typique de l’architecture vernaculaire américaine, un style très en vogue entre les années 1920 et 1950. Ce courant, popularisé par les catalogues de construction venus des États-Unis, a largement influencé les paysages bâtis de nos villages québécois. Entre 1930 et 1950, ce modèle-ci — avec son toit à demi-croupe — s’impose comme une variante bien répandue. On en recense environ 175 semblables dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean!
Mais celle que vous avez sous les yeux n’est pas choisie au hasard.
Construite autour de 1935, elle pourrait bien être l’une des toutes premières maisons à marquer le début du deuxième site du village de Saint-Charles-de-Bourget. Car oui, le village que vous connaissez aujourd’hui ne s’est pas implanté ici dès le départ. C’est dans les années 1930 que le développement commence vraiment à prendre forme, après le déménagement forcé causé par le rehaussement des eaux par le barrage de Chute-à-Caron.
Cette maison, modeste mais fière, incarne donc cette transition. Celle d’un village qui se relève, qui se redessine… et qui choisit de construire avec des influences venues d’ailleurs, adaptées au goût et aux besoins d’ici.
Regardez-la bien : c’est une maison qui a vu naître un nouveau chapitre du village