Scierie et développement de Montfort

Naissance du hameau

La scierie près de l’orphelinat Notre-Dame de Montfort, vers 1940.
Source : BAnQ, collection La Presse

L’histoire du village de Montfort commence par l’achat d’une soixantaine de lots vers 1880, par des entrepreneurs montréalais dans le nord-est du canton de Wentworth. Ces lots vont accueillir une nouvelle paroisse qu’ils nomment « Notre-Dame des lacs » et un orphelinat agricole pour les jeunes garçons abandonnés de Montréal. 

Une première opération de défrichage est engagée en 1881 afin d’installer, près de la décharge du lac Saint-François-Xavier, un moulin à scie commandé à J. H. Matte, de Saint-Jérôme.


Le hameau de Montfort

Village de Notre-Dame de Montfort vers 1890.

Les forêts denses du canton de Wentworth, ses reliefs escarpés et difficiles d’accès expliqueraient le peu d’empressement des colons à s’y installer. Les meilleures terres dans la région de Dunany au sud du canton sont les premières occupées, principalement par des colons irlandais et écossais. 

Il aura fallu les efforts concertés du clergé, du gouvernement, et surtout la construction d’une ligne de chemin de fer dans la partie nord du canton pour convaincre quelques familles qu’il était possible de vivre sur ces terres.


La bénédiction du moulin

En 1882, plusieurs personnes assistent à la bénédiction du moulin, dont l’abbé Victor Rousselot de Montréal, le curé Labelle de Saint-Jérôme, quelques bienfaiteurs du futur orphelinat, des colons et des journalistes. La plupart de ces invités ont voyagé par le train de Montréal à Saint-Jérôme et parcouru 21 miles (34 km) sur un chemin vicinal traversant les cantons de Mille-Isles et Morin.

« En passant nous admirons le lac Saint-François-Xavier, qui s’étend sur une distance de cinq milles, et près duquel sera bâtie l’église. Enfin nous y voici ! Voilà le moulin de l’Orphelinat et les chantiers qui ont servi aux ouvriers, le tout au bas d’une jolie chute d’eau de 33 pieds de hauteur, au milieu d’un désert de trente arpents, et dominé par de fières montagnes couronnées d’une verdure luxuriante, qui semble se marier gracieusement aux teintes grises des gros nuages qui planent sur nos têtes. » 

Journal le Nord, 3 août 1882.

Un an plus tard, le nom officiel de la paroisse devient Notre-Dame de Montfort en l’honneur du saint patron des pères montfortains qui ont pris la charge de l’orphelinat agricole et qui viennent tout juste d’aménager leur première habitation.


Les excursionnistes

Le Laurentide House, une pension pour les visiteurs de Montfort. Fin 19e siècle.
Source : BAnQ

Au fil des années, l’orphelinat devient une entreprise de grande envergure avec étable, poulailler, menuiserie, moulin, etc. Il emploie plusieurs paroissiens du village de Montfort qui s’est formé à proximité. Hôtels et maisons de pension reçoivent les villégiateurs et les « excursionnistes » qui viennent visiter l’orphelinat et profiter de l’air frais de la région. 

Ces excursions sont en quelque sorte des voyages organisés qui permettent aux pères montfortains de faire connaître la mission et de recueillir des dons pour l’institution. Des groupes de plusieurs dizaines de personnes arrivent ainsi pendant la belle saison et leur nombre s’accroit grâce au chemin de fer.


Le bureau de poste

Bureau de poste.
Source : Table de concertation des arts et de la culture de Wentworth-Nord (TCACWN), collection Marcel Laport

Le village a son bureau de poste dès 1884 et son premier maître de poste est Mathurin Boulaire qui assure le service jusqu’en 1912. La gare de Montfort est installée à quelques pas de cet établissement qui est aussi un magasin général. M. Walter Reid, originaire d’Écosse, tiendra ce commerce de 1917 à 1953. Personnage connu de plusieurs générations, il devient propriétaire de nombreuses terres en achetant des fragments de lots vendus aux enchères pour non-paiement de taxes dans les années 1930.


Un bête accident

Dans la communauté, les plus anciens racontent cette aventure éprouvante que Walter Reid a vécu :

« Un jour, un chasseur entra dans le magasin et tira par accident dans la jambe de M. Reid. Le C.N.R. [Canadian National Railway] fit venir un train spécial pour le mener à l’hôpital Royal Victoria à Montréal. Là, on soigna sa jambe si bien qu’elle guérit parfaitement. Par contre, la gangrène apparut dans une plaie située sur l’autre jambe, qu’on dut malheureusement amputer... »

Montfort 1883-1983, cahier du centenaire de Montfort. 

Mesdames, Reine Aimée Paradis, Clémence Tassé et Marjorie Lazanis prendront tour à tour la relève comme maîtres de poste jusqu’à la fermeture du magasin et de son bureau de poste, à la fin des années 1970.


Un p’tit dimanche au bord de l’eau

Des vacanciers au Montfort Club, vers 1930.
Source : BAnQ

L’ère du tourisme qui débute avec le 20e siècle apporte une grande effervescence au village et devient la source principale de revenu. Les publicités dans les quotidiens vantent les commodités pour tous les types de sports et récréations qui se trouvent à Montfort. L’ancienne scierie de la compagnie Laurentian Lumber se transforme en club de plein air, le « Montfort Club », avec tennis, canotage et natation. 

Son propriétaire M. Wheeler ouvre une salle de danse dans les années 1930 ; la musique assurée par de petits orchestres résonne pour le plaisir des locaux et des vacanciers malgré la période économique difficile de cette décennie.


L’école du village

La deuxième école du village de Montfort, vers 1940.
Source : TCACWN, collection Marcel Laporte

La première école du village est offerte par les Montfortains et l’enseignement est donné par les sœurs de la sagesse. Elle est remplacée en 1935 par une seconde école plus spacieuse. Parmi les commissaires, on retrouve les noms de Clovis Chartier, William Lorion, Armand Richard, Télesphore Paradis, Étienne Lamont et Oscar Deslauriers, tous des descendants de familles pionnières de Montfort. Une troisième école est bâtie en 1950 et accueille les enfants jusqu’en 1975.


Le calme de la nature

L’église Notre-Dame des Nations, vers 1960.
Source : TCACWN

La fermeture de l’orphelinat en 1955 et sa démolition en 1960 créent un vide important, particulièrement au village de Montfort qui perd la majorité de ses résidents permanents causant la baisse démographique du canton de Wentworth qui passe de 727 personnes en 1951 à 432 en 1956.

En 1958, le canton se scinde en deux municipalités ; Wentworth et Wentworth-Nord qui conserve les trois hameaux : Montfort, Saint-Michel et Laurel, reliés par la route Principale. La disparition du train en 1962 termine cette période de changements et plonge dans un silence étrange le village de Montfort. 

La construction en 1962 de la chapelle Notre-Dame des Nations apporte un baume à cette paroisse qui s’est retrouvée sans lieu de culte. Son hôtel et ses vitraux proviennent de l’ancienne chapelle de l’orphelinat et sont les témoins d’un passé où Montfort était connu même au-delà du Québec.

Le retour de la vitalité

Roger Ponce, pastelliste et fondateur de la Galerie d’art de Montfort lors de son exposition en 2021. 

L’église Notre-Dame des Nations sera, au fil des décennies, tranquillement abandonnée par une majorité de ses paroissiens. Pour assurer sa pérennité, la municipalité régionale de comté des Pays-d’en-Haut fait son acquisition en 2004, et lui offre une deuxième vie en la transformant en pavillon d’accueil pour les visiteurs et amateurs de plein air. 

Aujourd’hui, le Pavillon Montfort sert toujours aux célébrations du culte catholique auxquelles s’ajoutent des fonctions de centre communautaire et de bureau touristique.

De plus, grâce à sa galerie d’art installée au deuxième étage il est devenu une vitrine incontournable pour admirer les œuvres des artistes de Wentworth-Nord.

Extracto de
Tour historique guidé de Wentworth-Nord

Tour historique guidé de Wentworth-Nord image circuit

Presentada por : Municipalité de Wentworth-Nord
Direcciones

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