Narration
Ebenezer Milloy McKay a marqué l'histoire de Scotstown en devenant l'un des pionniers de cette ville en 1884.
Il fait partie de cette seconde vague de colons qui vient se greffer au noyau de la Glasgow Canadian Land and Trust Company, répondant ainsi aux besoins croissants d'une population grandissante.
En tant que forgeron et commerçant, il a contribué à l'essor de la ville en oeuvrant pour répondre aux demandes de la communauté.
En 1902, Ebenezer achète un lot de terrain sur lequel il fait construire sa maison, maintenant située au 113-115 rue Coleman.
Cette maison est loin des modestes habitations de colonisation du dernier quart du 19e siècle avec son style néo-classique américain à plan en « L ».
Ebenezer a rendu l'âme dans cette maison en 1921.
Sa veuve vend la demeure à un commerçant de Lingwick, William Murray. Depuis, la maison a changé de propriétaire plusieurs fois, chaque nouvelle personne y ajoutant sa propre touche tout en conservant les caractéristiques originales du bâtiment.
Il est intéressant de noter que l'on ignore où exactement Ebenezer a exercé son métier de forgeron, mais il est possible qu'il ait travaillé près de chez lui.
Selon l'histoire des forgerons au Québec, le forgeron de campagne habitait souvent à proximité de son lieu de travail.
La boutique de forge était aussi un lieu de rassemblement où les gens discutaient fort de religion, de politique et apprenaient les dernières nouvelles.
Il est amusant de penser qu'il s’y 'forgeait' même des histoires.
Musique, suivi de l’histoire, presque chuchottée, ponctuée de plusieurs éléments sonores, tels que rires de lutins et bruits de flammes peuvent ponctuer le récit d’Ebenezer.
Ebenezer Milloy McKay
Cher apprenti, tu veux entendre une autre de mes histoires?
Très bien, assis-toi écoute attentivement.
Cette histoire se passe il y a bien longtemps, quand j'étais un jeune homme, à peine plus vieux que toi.
Je vivais ici, à Scotstown.
C’était une époque où j'étais fougueux et complètement passionné par mon métier.
J'étais tellement passionné que je passais souvent la nuit dans ma forge, à marteler le fer et à façonner de nouvelles créations.
Une nuit, après plusieurs heures de travail, je me suis assoupi dans ma forge.
Un bruit étrange m’a réveillé.
C'était comme un rire, mais pas n'importe quel rire.
C'était un rire grinçant, un rire de lutin.
J'ai regardé autour de moi, mais je n'ai rien vu.
Je me suis dit que c'était juste mon imagination qui me jouait des tours, alors j'ai repris mon travail.
Mais j'ai regardé plus attentivement, et j'ai vu une petite créature, à peine plus grande qu'une pomme de terre, qui me regardait en riant.
C'était un lutin, un de ceux dont on parle dans les histoires.
Et il n'était pas seul.
Mais ce que j'ai vu en songe cette nuit-là était bien loin d'être un rêve ordinaire.
Les lutins…
Ils étaient plusieurs et ils jouaient dans ma forge.
Au début, j'ai pensé que c'était juste mon esprit fatigué qui me jouait des tours. Mais quand je me suis réveillé, j'ai vu des empreintes de pas de lutins partout dans la forge.
Ils avaient joué avec mes outils et même cassé mes équipements.
Je me suis fâché, bien sûr, mais quelque chose en moi m'a dit que je devais être plus tolérant.
Et alors, quelque chose d'incroyable s'est produit.
Les lutins sont revenus et se sont mis à me parler, en gaélique écossais.
Et c'est là que j'ai découvert que ces lutins étaient en fait des esprits de la forge, qui vivaient dans les flammes et la chaleur de mon travail.
Ils m'ont raconté des histoires sur les temps anciens, quand les forgerons étaient des sorciers et des magiciens.
Ils m'ont appris comment manipuler les flammes et comment utiliser les énergies de la forge pour créer des choses extraordinaires.
Et depuis cette nuit-là, j'ai commencé à voir les lutins partout dans ma forge.
Ils m'ont aidé à améliorer mes compétences et à devenir un meilleur forgeron.
Et je sais que je ne suis pas le seul à avoir vécu cette expérience.
Beaucoup de forgerons à travers l'Écosse ont vu ces lutins et ont été inspirés par eux.
Alors, mon cher apprenti, n'oublie jamais cette histoire.
Car même si tu ne vois pas de lutins dans ta propre forge, il y a toujours une magie dans le travail du métal.
Une magie qui peut transformer le plus humble des outils en une œuvre d'art.
Narration
Malgré l'importance de ce métier, il est étonnant qu'il n'y ait pas plus de traces de celui-ci dans l'histoire de Scotstown.
Depuis la mort d'Ebenezer, sa maison a connu plusieurs propriétaires qui ont ajouté leurs couleurs respectives.
Elle a toutefois conservé assez de ses composantes originales pour nous permettre d'apprécier l'équilibre de ses formes d’origine.